Une nouvelle réglementation a été déposée par le gouvernement dans l’objectif de rendre les prochaines constructions neuves plus respectueuses de l’environnement. Devant entrer en application à partir de l’été 2021, la RE 2020 doit concerner progressivement les logements individuels, collectifs et les bâtiments du secteur tertiaire.
RE 2020 : qu’est-ce que c’est ?
La RE 2020 (réglementation environnementale 2020) est une nouvelle norme qui vise à faire baisser l’influence carbone des habitations neuves, cela autant durant le processus de construction que lors de toute la durée de vie du logement sur 50 ans.
Une réglementation qui vise l’abolition du gaz dans le neuf
Avec la RE 2020, le gouvernement souhaite abolir l’utilisation du gaz dans les bâtiments neufs. Pour parvenir à atteindre la neutralité carbone, cette nouvelle norme prévoit un plafond d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour toute maison individuelle, celui-ci étant fixé à 4 kgC02eq/m2/an et applicable dès l’entrée en application de la réglementation.
Mais ce seuil implique de mettre un terme à l’utilisation du gaz, pour préférer le chauffage par granulés bois. Dans ce sens, le gaz n’aura plus sa place dans tous les logements neufs dès 2024. Toutefois cette suppression va être immédiate et appliquée pour les maisons individuelles dès l’entrée en vigueur du texte.
Cependant, les logements collectifs étant à 75 % chauffés au gaz, leur plafond est plus élevé. Il est fixé à 14 kgCO2eq/m2/an dès l’entrée en vigueur de la loi, puis réduit à 6 kgCO2eq/m2/an dès 2024. Ce devrait ainsi être le chauffage solaire qui serait de mise, tout comme les pompes à chaleur et autres solutions hybrides.
RE 2020 : une application progressive dès 2021
Un décret et un arrêté doivent être prochainement déposés pour permettre l’application de la RE 2020 dès le début de l’été 2021. Ceux-ci intègrent plusieurs normes qui visent à rendre toute construction neuve plus respectueuse de l’environnement. La réglementation environnementale imposera des règles strictes que les professionnels devront respecter, avec un calendrier de mise en application s’étalant jusqu’à 2030.
Pour être plus précis, pour tout permis de construire déposé avant l’entrée en application de la norme RE 2020, seuls les logements, les bureaux et l’enseignement seront concernés, ce qui laissera 3 mois aux bureaux d’études et constructeurs pour s’approprier ces nouvelles règles, puisqu’elles ne seront applicables qu’à compter du 3ème trimestre 2021.
Les matériaux biosourcés favorisés
La RE 2020 permet l’introduction d’une notion de calcul du cycle de vie des matériaux, mettant à l’honneur les matériaux biosourcés tels que les structures bois, parquets, bardages, lambris, ainsi que les isolants (liège, chanvre, fibres de bois et cellulose). Parallèlement, le béton et l’acier sont défavorisés, mais cela se fera progressivement pour permettre aux professionnels de disposer de temps pour s’adapter.
Il doit ainsi être mis en place par le gouvernement un calcul du cycle de vie mesuré en kgCO2/m2 de surface de logement pour déterminer les exigences compatibles avec la stratégie national bas carbone (SNBC).
Les secteurs industriels devront réduire d’au minimum 30 % leurs émissions par rapport à 2013, la valeur de l’indicateur carbone dynamique (indicateur de stockage de carbone) devant bientôt être annoncée. Sur la période 2020-2024, un temps d’adaptation doit être accordé à cette filière par le gouvernement. Par la suite, les exigences gouvernementales augmenteront de façon progressive selon les objectifs suivants :
- 15 % de contenu carbone en 2024
- 25 % en 2027
- 30 à – 40 % en 2030
Cette application différera selon chaque secteur et doit être plus rapide concernant les maisons individuelles, mais progressive dans les logements collectifs et le tertiaire.
Priorité : confort d’été
Le confort d’été, plus précisément le besoin de rafraîchissement, constitue une priorité pour la RE 2020. Introduit dans le besoin bioclimatique (Bbio), celui-ci aura un mode de calcul se basant sur l’évolution des températures dans les années à venir. Il sera exprimé en degré par heure (DH), avec un calcul ayant lieu au moment de la construction des bâtiments et un seuil fixé à 350 DH. En cas de dépassement de ce dernier, le projet de conception devra être modifié : une ventilation centralisée avec puits canadien devra par exemple être ajoutée. Notez que, dans les régions les plus chaudes, il existera la possibilité de recourir à des matériaux non biosourcés, comme par exemple le béton.
Ce qu’il faut retenir
Aucun impact sur le marché des logements déjà existants
Seuls les logements neufs sont concernés par la RE 2020. Ni les logements déjà existants, ni le marché de la conversion renouvellement de chaudière ne seront ainsi impactés. Les 11 millions de clients gaz pourront donc poursuivre leur utilisation de cette énergie comme auparavant. Ils sont toutefois libres de remplacer leur système actuel par une chaudière à très haute performance énergétique (THPE), qui se veut la meilleure alternative et bénéficie aussi d’aide publiques, tout en profitant encore du confort de leur boucle à eau chaude.
Le gaz vert répond aux exigences de transition écologique des territoires
Réel atout pour le pays, le gaz vert est une énergie renouvelable bénéfique à l’économie locale, celui-ci répondant à l’ensemble des exigences environnementales, actuelles comme futures. Pour 2050, la stratégie de GRDF sera ainsi un mix de gaz 100 %.
Chauffage au gaz : quelques points importants
- Le chauffage au gaz n’est pas interdit, mais la nouvelle réglementation fixe toutefois un seuil d’émission de carbone contraignant que tout système de chauffage devra respecter.
- Chaque année, ce sont près de 400.000 particuliers qui choisissent de conserver le gaz comme mode de chauffage.
- Apprécié par de nombreux ménages, le chauffage au gaz reste une énergie d’avenir.
- Le chauffage au gaz permet de préserver le pouvoir d’achat des ménages grâce à des installations performantes et compétitives : des économies de facture et d’énergie sont réalisées, cela tout en réduisant les émissions de CO2.
- Le gaz est une énergie d’avenir car il devient renouvelable, grâce au développement du gaz vert soutenu par les pouvoirs publics : la France souhaite atteindre la neutralité d’ici 2050, avec une utilisation de 100 % de gaz renouvelable.
Mais des questions restent en suspend…
Pourquoi un tel changement de cap à 180 ° ?
Risque t-on un effet « retour du tout électrique » ?
Pourquoi exclure les systèmes utilisant uniquement du gaz dans les logements neufs dès 2021 ?
Cela signifie t-il que toute une partie de la filière gaz va définitivement disparaître ?